Battle Isle
Développeur : Blue Byte | Graphismes : |
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Éditeur : Ubi Soft | Sons et musiques : |
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Année : 1991 | Difficulté : |
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Genre : Stratégie | Durée de vie : |
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Nombre de joueurs : 2 simultanés | Note : |
8/10 | |
Si je vous parle de quadrillage hexagonal, vous pensez à quoi ? Au carrelage de votre salle de bain ? Aux nappes de tante Germaine ?
Perdu. C’est une façon de représenter les cartes dans les jeux de guerre au tour par tour. À l’origine, ce sont des jeux de société où l’on mène des tactiques militaires, en déplaçant nos troupes sur de longues distances, modélisées par des cases, et en tenant compte de plusieurs facteurs, comme le type de terrain, les lignes de ravitaillement ou les positions de l’armée adverse. Des cases à six côtés offrent l’avantage d’être équidistantes (par leur centre) de toutes celles adjacentes. Cela permet de tracer des itinéraires plus souples et de se déplacer en diagonale sans fausser les distances. Pourquoi ne pas avoir choisi des octogones, me direz-vous ? Eh bien, parce qu’ils ne constituent pas un pavage régulier du plan euclidien ! Fallait pas demander.
Sur ordinateur, ce genre de jeu de stratégie (appelé wargame), aux règles complexes et à l’habillage souvent austère, se destine à une audience de passionnés, amateurs de jeux de rôle « plateau » le plus souvent. Moi, ça m’évoque la société SSI (Strategic Simulation Inc.) qui a sorti pas mal de titres ayant pour cadre les guerres du xxe siècle, et qui a connu son heure de gloire avec Panzer General et ses suites, à partir de 1994, sur PC/Mac et PlayStation. C’est d’ailleurs un scandale que la série se soit arrêtée…
Et sur Amiga ? Oh, on en a plein ! Entre autres, Red Lightning, Conflict: Europe, Conflict: Middle East, Conflict: Korea, Brigade Commander, Full Metal Planete, The Perfect General… Mais comme je l’ai dit plus haut, ils sont hermétiques, ennuyeux, moches, ou les trois à la fois. C’est là que se démarque Battle Isle (prononcez « Bateul-aïe-le », avec un « e » final muet), qui est l’un des premiers wargames électroniques à faire un effort en direction du grand public, grâce à une présentation soignée et un maniement accessible.
L’histoire se passe dans une galaxie lointaine… deux factions… une technologie futuriste… et boum boum la guerre. Le but du jeu : vous emparer d’une île en prenant le contrôle de tous les QG ennemis, ou, de façon plus traditionnelle, en annihilant toute opposition, hauts les flingues !
L’interface se montre ergonomique, pour une fois : sélectionnez une unité à l’aide de la manette, laissez appuyé et changez de direction pour choisir l’option voulue : déplacer/tirer, afficher la fiche d’information, terminer son tour, etc.
Le seul point qui m’a paru difficile à comprendre, c’est comment jouer contre l’ordinateur. Il s’agit en fait d’une protection anticopie. Entrez le code « CONRA ».
Les combats sont illustrés par des petites séquences animées, qui donnent un peu de vie à un genre habituellement statique. Le tour par tour, c’est rarement grisant ou spectaculaire. Moi ça me plaît, parce que ça ne demande aucun réflexe. On peut ainsi se livrer à d’autres activités en même temps, comme faire sécher son linge, chose impossible dans un jeu de course, vous en conviendrez.
Les tours alternent entre deux modes : le premier joueur prévoit ses déplacements tandis que l’autre attaque, puis au tour suivant, on inverse les rôles. De cette façon, on attend moins longtemps son tour. Par contre, gardez à l’esprit que vos unités ne se déplaceront effectivement que si elles survivent à la salve ennemie.
Plusieurs types d’unités vous sont proposés : terrestres, navales, aériennes, et un système d’expérience les rendra plus performantes à mesure que vous les enverrez au feu (si elles en reviennent, naturellement). Vous devrez par moment capturer des usines pour fabriquer de nouvelles unités, ou un dépôt pour les réparer. Ces bâtiments requièrent de l’énergie pour fonctionner, fournie par des cristaux, disséminés aux quatre coins de la carte, et qu’il convient de récupérer avant votre adversaire. Vous pouvez aussi jouer les pirates et intercepter les transports ennemis ou occuper ses installations.
Quelques trucs pourront rebuter certains : l’écran partagé en deux, le temps d’attente quand l’ordinateur calcule ses coups et la part non négligeable laissée au hasard lors du déroulement des escarmouches (personnellement, je trouve que les aléas pimentent la stratégie, surtout quand on joue comme un pied, n’est-ce pas ?).
« Dans tout ce qu’on entreprend, il faut donner les deux tiers à la raison, et l’autre tiers au hasard. Augmentez la première fraction, et vous serez pusillanime. Augmentez la seconde, vous serez téméraire. » — Napoléon Wikipédia Bonaparte
Plusieurs disquettes additionnelles verront le jour les années suivantes, offrant de nouveaux éléments de jeux. En 1993, un titre très ressemblant sera développé par le même studio : Historyline 1914-1918. Enfin, entre 1994 et 2000, se succèderont Battle Isle 2, 3, 4 et Battle Isle: The Andosia War.
Note : Si je ne m’abuse, le bruit d’explosion présent dans ce jeu, et dans Fire Power (et dans Swooper, Grid Start, Alien Fish Finger…) a été repris à toutes les sauces depuis les années 50, notamment au cinéma.
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