Dark Savior
Développeur : Climax Entertainment | Graphismes : |
| |
Éditeur : Sega | Sons et musiques : |
| |
Année : 1996 (1997 en Europe) | Difficulté : |
| |
Genre : Aventure/plates-formes | Durée de vie : |
| |
Nombre de joueurs : 1 | Note : |
5/10 | |
Photos parfaitement contractuelles !
Vers la fin des années 90, j’étais l’heureux possesseur d’une Sega Saturn, console réputée pour ses jeux de rôle japonais, dont j’ai saigné un certain nombre, sans pour autant me considérer comme un mordu. J’ai, du reste, une faible tolérance pour la mièvrerie et les personnages de mangas aux coiffures improbables et aux grands yeux étincelants. C’est pourquoi, j’ai abandonné Shining Force 3, peu après le prologue, faute de quoi, j’allais me foutre en l’air. Allez-y, envoyez les tomates !
Ainsi, je dois reconnaître que peu d’entre eux m’ont laissé un souvenir impérissable. Il y avait bien Panzer Dragoon Saga, dont j’ai déjà parlé, et celui-là, Dark Savior, dont je me souviens avec un mélange de nostalgie et de douleur. Plus je vieillis, plus j’oublie. Et plus j’apprécie ces jeux un peu boiteux, mais qui ont le mérite d’essayer des choses…
Levons l’ambiguïté tout de suite, s’il a été développé par le studio auquel on doit Landstalker (Mega Drive, 1992), Dark Savior est un faux jeu de rôle. Il emprunte certains éléments au genre (feuille de personnage, points de vie et autres statistiques, écran d’inventaire, dialogues…), mais j’ai l’impression qu’ils n’ont pas su quoi en faire et ont laissé tomber l’idée en cours de route. Prenez-le donc comme un hybride entre jeu de plates-formes et aventure.
Sa représentation en 3D isométrique a divisé les joueurs. La formule a pourtant rencontré beaucoup de succès, particulièrement outre-Manche, depuis les premières générations de consoles, avec Knight Lore (ZX Spectrum, 1984) et ses innombrables déclinaisons et héritiers : Head over Heels, Treasure Trap, Cadaver, Heimdall 2…
Le problème ne vient peut-être pas tant de sa représentation que de son moteur 3D un peu rustaud. Il est possible de déplacer la caméra, partiellement et de manière malhabile. Je me serais bien passé de cette faculté, d’autant plus que les développeurs ont pris un malin plaisir à exploiter cette « innovation » en plaçant des objets ou des chemins dans les angles morts !
Notez que le jeu tire parti d’une manette analogique, assez rare sur Saturn. Toutefois, je n’ai pas su régler convenablement le stick analogique de ma manette Xbox sur émulateur…
Le système de combat, bien que simpliste, est probablement l’élément le plus mémorable, et ce qui rebutera le plus les amateurs de jeux de rôle. Il prend la forme d’un mini-jeu de combat sur un seul plan, en temps réel (à la Street Fighter, premier du nom). Très vite, malheureusement, on se lasse. Il y a bien la possibilité offerte de capturer certains ennemis et de les diriger à la place du héros lors des combats suivants, mais presque tous les combattants déçoivent, au risque de rendre ces séquences encore plus longues et fastidieuses qu’elles ne sont déjà. Cela laisse un goût de « fonctionnalité gadget » mal pensée.
Pour moi, Dark Savior s’apparente avant tout à un jeu de plates-formes, et à ce titre, c’est clairement insuffisant. Les mécaniques se montrent basiques (plates-formes mouvantes, interrupteurs, empilage de caisses…) mais surtout, le level design manque cruellement d’imagination. Par ailleurs, la difficulté découle principalement des angles foireux de la caméra, qui posent de sérieux problèmes pour apprécier la distance entre les plates-formes.
J’en viens au contrôle, lourdaud, surtout lorsqu’il faut composer avec la caméra peu coopérative et les deux axes sur lesquels se déplace le héros. Le pire, c’est quand l’agencement du niveau nous oblige à sauter dans une direction « à 45 degrés », que le héros n’est pas capable de suivre sans tourner à angle droit au milieu de son saut. À vrai dire, j’hésite… Le pire, cela pourrait être les puzzles consistant à jeter un objet dans un cercle ou sur un bouton, car la trajectoire est imprévisible et l’objet en question reste bloqué dans le décor une fois sur deux. Non, le pire, c’est quand vous ne savez pas où aller, parce que soit la seule porte de sortie est masquée (je suis resté une demi-heure bloqué ici), soit le jeu vous fait délibérément croire que le passage est impraticable (je jurerais qu’un mur invisible m’a empêché de sauter par-dessus cette rivière). Ça me rend complètement fou de devoir recourir à une solution, non pas parce que je suis bloqué sur une énigme, mais pour trouver ma route !
J’allais oublier le plus important, je veux dire, la dernière chose à laquelle se raccrocher…
L’histoire est passable, mais saluons l’effort. Vous êtes un chasseur de primes à la poursuite d’un puissant monstre (le sinistrement nommé « Bilan », qui a continué de me hanter durant mes études en comptabilité). Il sera révélé plus tard qu’une prophétie vous a choisi comme sauveur de l’humanité, comme c’est original ! Et libérateur invétéré d’une femme forte et indépendante, et ingrate, et incapable de marcher dix pas sans se faire enlever.
L’astuce se dessinera, peu après la résolution du premier scénario, quand vous vous réveillerez à votre point de départ (dans le bateau). Vous constaterez que selon le temps passé à terminer le prologue du jeu, trois histoires parallèles s’offriront à vous (numérotées de 1 à 5 dans le jeu, numérotation japonaise !).
Pour conclure, en dépit de prémices intrigantes et d’une façade de jeu de rôle, je suis navré de devoir actualiser mon souvenir enjolivé de Dark Savior, un tout-en-un hardi, mais qui ne maîtrise aucune de ses composantes.
Je mentionnerais au passage que les tablettes de chocolat qui servent au troc sont bien sûr, dans la version originale, des paquets de cigarette. C’est réconfortant de savoir que la censure ne se limitait pas à la version française de nos animes.
|