L’histoire mouvementée de Benvenuto Gesufal, « maître-espion » au service d’un éminent homme politique, à la fois témoin et acteur des plus viles intrigues et des plus sournoises trahisons. Le monde fictif, organisé en cités-États, elles-mêmes gouvernées par de puissantes castes aristocratiques et de marchands, rappelle la Renaissance italienne.
Je critiquais la traduction française de Pisse de chwal, et l’emploi décalé de l’argot des années cinquante dans un cadre médiéval. Je m’attristais du faible niveau (et du niveau de conformisme) de la littérature fantastique hexagonale (Ayesha). Eh bien voilà, je le tiens ! Le roman d’Heroic Fantasy français qui n’envierait rien à Zola !
En dehors de l’écriture de haute volée (à noter, cinq pages de dialogues tout en argot absolument délectables qui nous tombent dessus vers le tiers du livre), le personnage principal (et narrateur) présente toutes les caractéristiques que j’aime voir chez un antihéros. Il n’est pas lisse. Ni bon, ni jeune, ni beau, ni surpuissant ; il est cynique sans être arrogant. Il lui arrive de se tromper lourdement, d’en prendre plein la figure, et il confesse ouvertement à son lecteur être un salaud, tout en lui suggérant d’un ton gouailleur de venir prendre sa place !
Je n’aurais que deux petites choses à reprocher au livre : la présence (quoique discrète) d’elfes et de nains (les stéréotypes tolkieniens m’agacent) et des personnages secondaires sans substance, Benvenuto accaparant à lui seul toute la lumière.
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