« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »

Serious Sam: The First Encounter

(Premier Contact)

Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter

Développeur : CroteamGraphismes :
Éditeur : Gathering of DevelopersSons et musiques :
Année : 2001Difficulté :
Genre : Tir subjectifDurée de vie :
Nombre de joueurs : 1 à 16 simultanésNote : 6/10


Le tableau se réfère à la version originale mais les images sont tirées du remaster « HD » de 2009. J’avais envie de me gâter. Le multijoueur propose, en plus de la campagne standard en coopération, des matchs à mort en arène. Ces modes sont jouables en réseau local, sur Internet, ou en écran partagé (ce dernier étant limité à quatre joueurs).

Des souvenirs oubliés ont émergé en jouant à Serious Sam, lorsque des monstres se ruaient sur moi de tous côtés. Je pourrais commencer par vous parler de Smash TV ou de Robotron mais ce serait un tantinet convenu. Laissez-moi partager une association plus personnelle :

Serious Sam: The First Encounter Eat Mine Serious Sam: The First Encounter Eat Mine

Oserais-je dire que Serious Sam est à Doom (ou Duke Nukem 3D pour les modernes) ce qu’Eat Mine est à Boulder Dash (ou Emerald Mine pour les esthètes bien nés) ? À première vue, il s’agit d’une vulgaire contrefaçon sans envergure. Des niveaux « plats » et peu inspirés, mais bourrés de monstres, à en faire craquer la disquette. Il en ressort une difficulté extrême, pouvant être qualifiée d’injuste, et un style unique (peut-être pas intentionnel), une sorte de rythme dans le chaos qui a fédéré une génération de fans. Je dois reconnaître que le fan-club d’Eat Mine est un peu calme en ce moment. En tout cas, les similitudes de level-design m’ont sauté aux yeux…

Plus évidente, bien sûr, la ressemblance entre Sam Stone et Duke Nukem (jusque dans le patronyme allitératif), deux archétypes de héros des années 90, habillés en jean-baskets et t-shirt, à la personnalité macho, distribuant roquettes et one-liners sur tout ce qui bouge.

Copieurs ? certainement. Le studio croate a fait ses armes avec un plagiat éhonté de Sensible Soccer intitulé Football Glory (Amiga, 1994). Au moins, pour Serious Sam, ils se sont distingués des innombrables clones de Wolfenstein 3D, Doom ou Duke Nukem 3D, en vogue à la fin des années 90, en faisant l’effort de développer leur propre moteur 3D (cela coûtait alors moins cher que d’exploiter une technologie contemporaine sous licence). Le moteur en question s’avère particulièrement sophistiqué pour l’époque, capable d’afficher de vastes environnements agrémentés d’effets de lumière convaincants et peuplés de dizaines d’ennemis, le tout sans ralentissement sur un PC de moyenne gamme. Et je ne saurais juger du mérite de ce dernier accomplissement, mais les monstres, représentés en 3D, ont la propriété d’exploser en petits morceaux !

Visuellement, le jeu ressemble beaucoup à Exhumed parce que toute la campagne se déroule en Égypte, mais le style diffère radicalement. Serious Sam est exclusivement porté sur le combat, prodiguant un arsenal plus conséquent, mais comme je l’ai laissé entendre plus haut, peu de soin sur l’architecture, l’exploration ou l’histoire.

Les environnements alternent entre des couloirs exigues et de vastes arènes ouvertes, laissant voir les ennemis fondre sur nous, de loin, mais en si grand nombre que l’on finit généralement submergé, en dépit de notre puissance de feu extravagante. Parmi les ennemis emblématiques (et bruyants) : le kamikaze, un homme décapité, torse nu, qui court droit vers nous en hurlant, avant d’exploser au contact ; et le squelette quadrupède (kleer) qui incarne superbement l’expression « faire patatrot sur le grand trimard ». On rencontre ces deux bêtes à chagrin, comme le reste de la ménagerie, par vagues démesurées et continuelles…

La seconde marque de fabrique, ce sont ces pièges pervers, entre les vagues (ou concomitamment), voués à tourmenter le joueur sans relâche. Cela peut être stimulant quand bien amené. Par exemple, la boule géante d’Indiana Jones, en équilibre précaire, en haut d’une pente, au bout d’un corridor étroit ; ou encore, la fois où je me suis fait enfermer dans une cage, que des monstres ont envahi la salle et ont commencé à m’encercler en grondant, avant que les quatre herses qui me ceignaient se relèvent simultanément…

Hélas, la majorité de ces embuscades prennent la forme de « scripts » paresseux, où le franchissement d’une ligne invisible déclenche la téléportation de hordes de monstres à courte distance, et souvent dans notre dos. Il ne se passait pas 30 secondes sans que l’on ne m’entende crier « C’est dégueulasse ! » (entre autres exclamations fleuries). Même les traditionnelles caches secrètes recelant armes, munitions et armures sont en grande partie piégées, ne rendant pas leur recherche nécessairement rentable.

Ce genre de scripts n’est pas nouveau, Doom et Heretic y avaient recours, mais c’est une question de dosage. À l’instar des scènes qui font sursauter dans les films d’horreur, ça lasse très vite. De plus, les niveaux manquent de personnalité et de différenciation, car les mêmes monstres abondent en tout lieu, sans planification apparente. Je trouve Serious Sam absolument jouissif pendant les deux premiers niveaux. Au-delà, la frustration et l’ennui s’imposent peu à peu. C’est certainement une autre histoire en multijoueur coopératif.
Un autre élément manquant, et qui aurait pu atténuer cette fatigue, est la panoplie d’objets secondaires, transportables par le joueur et utilisables où bon lui semble (exemples : les tomes de pouvoir d’Heretic, ou les hologrammes de Duke Nukem 3D, qui apportaient un brin de tactique).

La série a toutefois la réputation d’être plus « technique » que les autres jeux de tir à la première personne. S’il est certain que la difficulté est très élevée et que je joue comme un jambon, je relativiserais une technicité qui découle en grande partie de la mémorisation des lieux d’apparition des ennemis et du nombre de roquettes à expédier vers chaque type. Le reste du temps, il n’est question que de tirer en reculant et en tournant (circle-strafe si vous voulez briller en société).

Les thuriféraires du sérieux tonton feront encore valoir l’absolue nécessité de changer d’arme constamment, pour s’adapter à l’ennemi en face de soi (« danser avec les armes »). Personnellement, j’aime avoir le choix, et dès lors qu’un jeu me fournit un fusil à double canon, je me complais à n’utiliser que celui-ci (c’est mon seul bon souvenir de Borderlands 3 !). Approche non recommandable dans Serious Sam, en raison de la multitude d’ennemis rapides qui attaquent au corps à corps. Notre avatar, très fragile, ne semble pas avantagé à courte distance (même si je dois admettre m’être assis trop longtemps sur le couteau).

Pour être complet, d’autres détails m’ont prodigieusement agacé : les notifications clignotantes à l’écran pour appeler à lire des pavés de texte inintéressants (elles sont heureusement moins visibles dans le remaster) ; les portes par lesquelles on est entré qui se verrouillent sans raison, nous interdisant de revenir en arrière, récupérer des armures laissées exprès ; et par-dessus tout, ce cri insupportable proféré par les scorpions géants à tout bout de champ !

Tenez, cadeau. À écouter en boucle pendant une demi-heure pour une authentique expérience :

Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter Serious Sam: The First Encounter

En plus des innombrables mods et arènes créées par les joueurs (la version d’origine était livrée avec un éditeur de niveaux), la série a connu une douzaine de suites, extensions, adaptations ou rééditions. Je me contenterais de citer les plus notables.


* * *

Serious Sam: The Second Encounter (2002)

En fin de développement du premier jeu, ils ont décidé de le diviser en plusieurs parties (trois, originellement, mais seulement deux sont sorties). Sur la quarantaine de niveaux réalisés, seuls 15 ont été inclus dans First Encounter, puis 12 autres dans Second Encounter. Il ne faut pas confondre cette dernière avec Next Encounter, qui est une exclusivité consoles (GameCube et PlayStation 2, 2004), développée par un autre studio.

Second Encounter est donc une collection de niveaux supplémentaires servant à recycler des idées qu’ils n’ont pas eu le temps d’implémenter dans le premier épisode. Elle s’installe indépendamment (pas besoin de posséder le premier jeu). Quelques raffinements ont été apportés au moteur 3D, l’IA a été modifiée (les ennemis exécutent des tactiques d’encerclement) et huit nouveaux monstres viennent renforcer le bestiaire (dont l’emblématique cucurbito).

Concernant l’équipement, trois nouvelles armes (le fusil à lunette, la tronçonneuse et le lance-flammes) viennent parfaitement compléter notre arsenal, tant pour la besogne à longue qu'à courte portée. Quelques bonus font également leur apparition (super vitesse, invulnérabilité, et la Serious Bomb qui élimine tous les monstres à l’écran).

L’action se passe cette fois en Amérique du Sud. Les niveaux dégagent un caractère plus expérimental. Il y a notamment une séquence traumatisante où notre personnage, ainsi que les ennemis, rebondissent de manière incontrôlable en touchant le sol. D’autres passages avec une physique modifiée, ou des pans de murs qui tournent sont particulièrement aléatoires et énervants.
Enfin, comme son prédécesseur, il est répétitif à mort. Bien que moins nombreux, les niveaux m’ont paru interminables.

Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter
Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter Serious Sam: The Second Encounter

Les remasters HD intègrent plusieurs modes supplémentaires, notamment, « survie » face à des vagues infinies d’ennemis et des matchs à mort par équipes. Je recommande d’attendre les soldes pour les acheter sur Steam. J’ai trouvé First Encounter à 1,49 € et Second Encounter à 1,99 € (le juste prix selon moi pour des jeux de plus de quinze ans). Lancez-les par l’intermédiaire de l’interface Serious Sam Fusion, qui sera automatiquement et gratuitement ajoutée à votre bibliothèque après l’achat de l’un ou l’autre de ces jeux.


* * *

Serious Sam 2 (2005)

C’est le cousin excentrique de la famille, dont on évite de parler. Il semble avoir été renié par ses créateurs, qui ne l’ont pas retenu dans les diverses compilations et rééditions qui ont suivi. Cet épisode se montre beaucoup plus cartoon et coloré (au point de ne pas toujours réussir à distinguer les ennemis du décor). Je me demande si le style n’a pas été « influencé » par Fable (2004), en particulier, quand les villageois acclament le héros à son passage. L’histoire est complètement loufoque, l’humour ne vole pas haut, mais j’applaudis la pétulance ! C’est un jeu qui, au moins l’année de sa sortie, assumait pleinement ce qu’il était : une bouffonnerie pas chère et divertissante.

Le combat me paraît plus simple et « débridé » que les épisodes précédents. Il n’est plus nécessaire de changer d’arme pour chaque type d’ennemis (le fusil notamment, fonctionne bien à moyenne distance). Une partie des puristes l’ont d’ailleurs boudé à cause de cela. D’autre part, il est possible de conduire des véhicules par moments, ou des tourelles fixes. Ils ont également incorporé un système (brouillon) de gestion physique des objets, qui vous laisse, en théorie, empiler des caisses, pour monter dessus et atteindre des objets cachés. En parlant de caisses, vous ne serez pas étonné d’apprendre que ce titre ne vole pas haut non plus sur le barème Time to Crate. C’est une méthode satirique qui évalue le degré d’imagination dans la conception des niveaux, en mesurant le temps que met le joueur à rencontrer la première caisse…

Contre toute attente, Serious Sam 2 a été mis à jour en 2021, inspiré par le travail passionné de la communauté de modders amateurs. Ils ont ajouté différentes options, telles que désactiver ce système incongru de vies limitées, accorder la faculté de courir (de la même manière que Lichdom…), et surtout, de pouvoir équiper deux armes simultanément (combo weapons). La difficulté s’en trouve réduite mais cela me convient très bien. C’est une douce manière de prendre ma revanche, après ce que les précédents épisodes m’ont fait endurer. Seul problème, je n’ai pas trouvé comment activer le zoom du fusil à lunette dans ce mode.

Oh, bien sûr, je trouve toujours motifs de râler. En dépit d’ennemis et d’environnements nettement plus variés, les niveaux sont toujours aussi plats et linéaires. Je me suis aussi retrouvé plusieurs fois coincé du mauvais côté d’une porte, qui s’ouvre et qui se ferme, et qui ne se rouvre plus ; contraint de me suicider pour continuer (oh, le menteur). Comme les précédents, peut-être plus encore, le début m’a amusé, avant que le jeu et son humour tirent en longueur. À la fin, je n’en pouvais plus. Le compteur m’indique que j’y aurais joué 16 heures. Ça m’a paru le triple !

Accessoirement, je remarque que l’association des commandes de déplacement aux flèches du clavier n’est plus proposée par défaut. Ça se prétend old school et ça n’utilise pas les flèches, pfff…
En revanche, ce n’est pas de ma faute si les écrans carrés ont disparu du commerce, alors le champ de vision d’origine à 80 degrés, ce n’est plus possible ! Je suggère d’appuyer sur « ² » pour accéder à la console et de copier-coller la commande suivante : « plr_fFOVOverride=100 ».

Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2
Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2
Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2 Serious Sam 2


* * *

Serious Sam 3 (2011)

Pas de photos, j’ai ma dose. Serious Sam 3 prend la direction opposée, un style visuel « photo-réaliste », que certains ont jugé terne et conventionnel. Les amateurs n’ont pas apprécié que certaines armes nécéssitent désormais un rechargement. Personnellement, j’y ai joué il y a des années en co-op. Je ne l’ai pas trouvé mauvais, ni particulièrement mémorable…


* * *

Serious Sam 4 (2020)

Buggué à sa sortie, mal optimisé (encore plus sur consoles), saqué justement par la critique, parce qu’il n’est pas acceptable de sortir un jeu inachevé. Il ne valait certainement pas son prix hier. Aujourd’hui, en solde, sur un PC puissant, je pense que je me laisserai tenter un jour. L’extension Siberian Mayhem est, paraît-il, très bien.

Où l’acheter ?
Steam