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Command and Conquer

Command and Conquer Command and Conquer Command and Conquer Command and Conquer

Développeur : Westwood StudiosGraphismes :
Éditeur : Virgin Interactive EntertainmentSons et musiques :
Année : 1995Difficulté :
Genre : Stratégie en temps réelDurée de vie :
Nombre de joueurs : 1*Note : 7/10


(*) Mode multijoueur en « escarmouche » jusqu’à 4 (originellement). Le remaster peut accueillir 8 joueurs.
Les images proviennent de la version « Gold » de 1997. L’édition princeps (DOS) affichait une résolution plus basse (320x200) et l’interface était légèrement différente.

Ah… Command and Conquer, trop bien. 9/10 !
Ça, c’était mon brouillon. J’y ai quand même rejoué, pour affiner ma profonde analyse. J’ai d’abord enlevé un point pour la campagne du Nod, puis j’ai retiré un deuxième point pour la dernière mission de la campagne du Nod. Si vous ne me croyez pas, essayez vous-même, puis revenez me dire si vous avez passé un bon moment.

Pour commencer, une courte présentation. Command and Conquer est un incontournable précurseur. Je ne parle pas de son concept de jeu (cet honneur revient à Dune 2), mais bien sûr, de son immensurable contribution à la mode capillaire. Assurément, Joe Kucan (Kane) est la première personnalité à avoir popularisé la combi « bouc, boule à Z », avant Fabien Barthez et Edward Norton !

L’intrigue se déroule à la fin du vingtième siècle. Un conflit éclate entre deux factions, le GDI (Groupement de Défense International), l’équivalent des Casques bleus de l’ONU ; et la confrérie du Nod, un groupe proche du terrorisme (au pouvoir incroyable sur le marché de l’or britannique), commandé par un gourou charismatique et mégalomane. Choisissez votre camp, envoyez le rouge, fin de l’intrigue.

L’immense succès du jeu s’explique en partie par ses musiques, mais aussi par le soin prodigué vers la présentation : des fameux briefings vidéo, joués par des « acteurs » (ou membres de l’équipe de développement), aux saynètes en « images de synthèse » comme on aimait les appeler, sans oublier les innombrables animations pendant la partie qui insufflent un caractère unique (la manière dont les bâtiments se déploient lors de leur construction, les soldats qui font des pompes en attendant les ordres…).

Le système de jeu est pratiquement identique à Dune 2 (du même studio), où vous construisiez une base, collectiez une ressource (l’épice), pour l’échanger contre des crédits, au moyen desquels vous leviez une armée. La ressource emblématique de Command and Conquer est le tibérium, une substance introduite sur Terre par une chute de météorite (en plein sur la mairie de Paris, supposément).

Une différence évidente avec le prédécesseur, qui exposait des paysages plats et désertiques, c’est les environnements accidentés, obligeant les unités à suivre des routes ou à contourner des obstacles, révélant des lacunes criantes dans la planification du chemin, ou pathfinding.

Occasionnellement, une mission ne vous attribue que des troupes définies, sans constitution de base, ni permission d’appeler des renforts. Ces séquences apportent certes un peu de variété, mais consentent peu de marge de manœuvre, et la résolution aléatoire des engagements (face à certains pignoufs, porteurs de grenades…) vous fera péter une pile plus d’une fois.

Techniquement, je ne sais pas si grand-chose le sépare de Dune 2, hormis la faculté de sélectionner plusieurs unités à la fois en traçant un cadre avec le curseur, et d’enregistrer des groupes pouvant être convoquées sur pression d’une touche. Mais si je ne m’abuse, cette nouveauté existait déjà dans Warcraft: Orcs and Humans (1994). Cela m’amène aux récriminations…

En premier lieu, l’intelligence artificielle est risible. Vous observez des soldats des deux camps qui se laissent tirer dessus (ou écraser par un véhicule) sans réagir. D’autre part, les collecteurs de ressources doivent être surveillés en permanence. Si vous les envoyez à l’autre bout de la carte, ils choisiront de préférence de faire un crochet pour visiter la base ennemie. Et mention spéciale aux pièces d’artillerie mobiles qui insistent obstinément pour attaquer leurs cibles à bout portant.

Ensuite, je pourrais chicaner sur les carences dans l’équilibrage, mais c’est une tare commune à presque tous les jeux de ce genre. Par exemple, les tirs de canons des chars n’ont pratiquement aucun effet sur l’infanterie (conseil en passant : « Alt + clic gauche » pour y rouler dessus). Du reste, j’ai employé la même tactique tout au long de la campagne du GDI : cinq ingénieurs engouffrés dans un véhicule blindé, expédié au milieu de la base ennemie, accompagné d’un escadron de chars. Ces gus ont le pouvoir de capturer instantanément les structures vitales (chantier de construction, raffinerie, usine, caserne). Un peu facile.

À propos, la difficulté se montre inconsistante. De manière générale, l’ordinateur n’attaque pas assez, et suit toujours le même chemin. Il est donc aisé de le déjouer, la deuxième fois. Mais dans certaines missions (huitième du Nod, pas tout à fait au hasard), déplacer un éclaireur dans la mauvaise direction se paye d’une attaque précoce et subite, pratiquement insurmontable (une quinzaine de véhicules contre deux, alors que je venais de m’installer). En outre, la fin des missions s’éternise parfois inutilement, parce qu’il nous est imposé de débusquer et de détruire jusqu’au dernier soldat ou bâtiment ennemi, pas toujours accessible.

Cependant, la campagne du GDI demeure plaisante, dans l’ensemble, mises à part ces missions d’infiltration. Notamment, la première où l’on nous fournit un commando (le super soldat qui ressemble à Rambo). J’ai mis du temps à saisir l’objectif, pour le moins contre-intuitif, qui était de le déposer en hélico, juste à côté d’une batterie antiaérienne !

Ça s’est gâté avec le Nod, où la majorité des missions adoptent le schéma d’infiltration, sans base. Voyez-vous, Command and Conquer n’est pas conçu comme un jeu d’action. Le manque de précision, de vitesse et de visibilité lui sont fortement préjudiciables quand il essaie d’imiter Cannon Fodder ou Syndicate (voire Desert Strike, imaginez ce que ça donnerait avec un brouillard de guerre). Étant donné que vous ne connaissez pas le terrain, ni la position, ni la qualité des forces ennemies, vous vous trouvez contraint de sauvegarder toutes les trente secondes, pour recharger, chaque fois que vous prenez un mauvais tournant. Je n’ai rien contre l’idée d’explorer un terrain inconnu dans un jeu de stratégie, tant qu’on nous permet de reconstituer nos troupes. Tel que c’est proposé, je ne comprends pas l’intérêt.

Quant à la dernière mission du Nod, proprement ignoble. La carte est séparée en deux par une rivière infranchissable. Vous devez construire une base (et une raffinerie) de chaque côté, car des ressources régénératives sont situées sur les deux rives. Le problème est qu’une fois sur deux, vos collecteurs essaieront de rapporter leur cargo vers la mauvaise raffinerie, de l’autre côté de la rivière, et cesseront de bouger. Vous serez forcé de les « débloquer », à la main, sans arrêt.

Pour ne rien arranger, l’ordinateur triche allègrement dans cette mission, en reconstruisant ses tours de garde après que sa base est détruite. Cette mission m’a enragé, au point de finir par recourir à la technique méprisable des sacs de sable…

J’en conviens, Command and Conquer est un titre majeur, qui a énormément influencé l’industrie du jeu vidéo. S’il n’a pas inventé le genre, il l’a indéniablement popularisé, et ce n’est pas pour rien s’il a été autant copié (Krush Kill ‘n’ Destroy et Dark Reign, parmi beaucoup d’autres). Toutefois, cela ne saurait faire oublier de réelles défaillances dans le comportement des unités ou la conception des missions, que j’avais, pour ma part, largement occultées dans ma jeunesse.

Dark Reign Dark Reign Dark Reign Dark Reign
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Anecdote inutile du jour : dans la version française, le doubleur du colonel Sheppard s’est fait remplacer à la douzième mission.

La version d’Abandonware-France (édition Gold) fonctionne assez bien sur Windows 11. J’ai tout de même rencontré quelques plantages lors de la campagne du Nod, et constaté un léger bug d’affichage en haute résolution. Je recommande de choisir la résolution minimale (640x400). À l’étape du launcher, cliquez sur « Options de jeu » et désactivez le mode fenêtre. Cette version inclut les missions exclusives aux consoles (celles avec des dinosaures).

Un remaster est en vente sur Steam. Il contient également le jeu dérivé, Alerte Rouge (avec Staline), ainsi que trois packs d’extension (celles avec des fourmis géantes).

Comme vous le savez tous, Command and Conquer a connu une charibotée de suites et jeux dérivés. Je retiendrai principalement Command & Conquer: Tiberian Sun (PC, 1999), Command & Conquer: Generals (2003), et son extension géniale : Zero Hour (Général Laser !). Pour moi, la série a commencé à décliner à partir de Command & Conquer 3: Tiberium Wars (2007), malgré la présence de Michael Ironside.

Où le télécharger ?
Abandonware-France
Steam