Way of the Samurai
Développeur : Acquire | Graphismes : |
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Éditeur : Eidos Interactive | Sons et musiques : |
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Année : 2002 | Difficulté : |
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Genre : Action/jeu de rôle | Durée de vie : |
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Nombre de joueurs : 1* | Note : |
6/10 | |
(*) Il y a un mini-jeu de combat en un contre un, jouable à deux ou opposé à l’ordinateur. Les différents personnages se débloquent progressivement en terminant plusieurs fois le mode « histoire ».
Way of the Samurai est un jeu de samouraï en 3D, doublé d’une expérience narrative originale, conçu par le studio à l’origine de Tenchu: Stealth Assassins (PlayStation, 1998). C’est d’ailleurs le même musicien (Noriyuki Asakura) qui a composé les bandes originales des deux jeux (ainsi que du célèbre anime Rurouni Kenshin, alias Kenshin le vagabond).
Vous incarnez, justement, un samouraï vagabond (ou rōnin) qui met les pieds dans un hameau isolé, au Japon, à la fin du xixe siècle (ère meiji), peu de temps avant qu’une guerre n’éclate entre deux clans de samouraïs. C’est à peu près tout le contexte fourni. Entrez, et faites ce que vous voulez !
Le jeu est très court. Il ne vous faudra pas plus de deux heures pour voir la fin, ou plutôt, l’une des six fins existantes. Le scénario s’articule sur des moments de tension entre les protagonistes, pouvant être résolus de diverses manières et aboutissant à différents embranchements. Tout l’intérêt repose sur la rejouablilité : redémarrer, vous amuser à agir différemment et constater les conséquences de vos actions. Par exemple, dès votre arrivée, une demoiselle se fait importuner par quatre hommes en armes. Vous avez le choix de la défendre, de vous joindre à ses agresseurs, ou de marcher à l’ombre en regardant ailleurs…
Afin d’éviter les abus et donner du poids à vos décisions (et préserver la durée de vie du jeu, je présume), une seule sauvegarde est autorisée, et elle disparaît quand vous la chargez. En conséquence, chaque branche du scénario est explorée dans une nouvelle partie, et suivie jusqu’au bout. Il y a tout de même une « issue de secours » prévue, au cas où vous vous fourvoieriez dans un scénario déjà visité ; une sortie, conduisant votre avatar à quitter immédiatement la région, abandonnant les protagonistes à leur sort, et vous permettant de recommencer du début sans pénalité (sans perdre vos armes).
Les dialogues sont omniprésents, même pendant le combat, et la liberté du joueur s’exerce jusque dans le pouvoir de garder le silence, ou même de tracer sa route en laissant l’interlocuteur en plan, ce que je trouve appréciable (et trop rarement implémenté). En revanche, les choix de dialogue sont généralement limités à deux lignes, souvent sans conséquence.
Faute de budget, sans doute, les répliques ne sont pas entièrement doublées ; seulement ponctuées d’un son, d’une syllabe. Typiquement, les personnages masculins poussent des grognements, tandis que les personnages féminins émettent des gémissements suggestifs… Je me demande si cette « technique » de semi-doublage porte un nom. En tout cas, comme d’habitude, la version française me paraît vaseuse, mais je doute que la traduction en anglais soit de meilleure qualité.
L’aventure se déroule sur une période de deux jours, découpée en six « actes », à l’issue desquels le temps avance d’environ huit heures, et tous les personnages changent de place (un peu à la manière de Croisière pour un Cadavre, c’était la référence incongrue du jour). C’est à ce moment que l’on commence à tourner en rond, en attendant qu’il se passe quelque chose. On se rend compte alors que l’environnement « explorable » s’avère ridiculement petit et morne. Il n’y a qu’une poignée de protagonistes (aux accoutrements ridicules), dont les personnalités de shonen se résument en quelques mots sur un timbre-poste ; et malgré les épilogues multiples, il devient rébarbatif d’assister aux mêmes scènes à répétition, sans pouvoir les interrompre.
Le combat à l’épée fonctionne similairement à Tenchu et à Bushido Blade. Vous disposez d’une variété d’armes (pas seulement des épées, d’ailleurs), associées à différentes postures (garde haute, basse, de côté), qui confèrent un répertoire de techniques distinct. Par la pratique, des combinaisons de coups, courtes et faciles à exécuter, se rendront accessibles progressivement. Il est également possible de bloquer, d’esquiver, de déséquilibrer l’adversaire en le poussant ou en lui donnant un coup de pied. Accessoirement, les armes peuvent se casser, y compris celles des adversaires !
Durant la première partie, vous allez probablement jouer les bons samaritains, et vous faire botter les fesses ! On meurt vite, au début, et ce n’est pas grave. C’est prévu. Les parties s’enchaînent rapidement. Il est conseillé de commencer en « facile », le temps d’apprendre suffisamment de techniques. Plus tard, vous monterez en difficulté, afin d’obtenir plus fréquemment des armes rares. En outre, vos instruments de combat préférés peuvent être conservés d’une partie à l’autre et améliorés par le forgeron du village. Différentes tenues peuvent également être gagnées en réalisant des « succès », et même, débloquer des parties du tutoriel !
Le jeu n’est toutefois pas exempt de défauts. En premier lieu, la caméra fait n’importe quoi. C’est un mélange de caméra à plan fixe (à la Resident Evil, premier du nom) et de caméra traditionnelle, placée derrière le personnage. Il est malheureusement courant de ne pas distinguer les deux protagonistes à l’écran au cours d’un combat. Gênant…
De plus, le comportement des ennemis ne varie pas assez à mon goût. En fin de partie, particulièrement en mode « difficile », ces derniers ont beaucoup de vie, et passent leur temps à bloquer. Cela rend les combats frustrants et interminables. Du reste, l’ultime bataille est pratiquement identique à chaque fois, précipitant ma lassitude.
C’est un titre unique et mémorable, que j’avais bien aimé à l’époque, mais je dois avouer qu’il a mal vieilli. Ne cherchez pas de réalisme ou de profondeur, ni dans l’histoire (clichée au possible) ni dans le maniement des armes. D’autre part, le jeu semblait se prendre très au sérieux, jusqu’à la toute fin, où j’ai senti un décalage brutal, quand les passants se sont mis à porter des scies, faux, boulets à pointe… à la place des sabres traditionnels.
Way of the Samurai a tout de même suscité assez d’intérêt pour engendrer plusieurs suites, qui ont considérablement développé l’arbre scénaristique, le système de combat, comme le nombre de bidules cosmétiques à collectionner. Personnellement, je n’ai joué qu’au premier, et l’ai revisité par nostalgie. Si vous ne connaissez pas la série, il n’apporte rien, et je vous suggère de le sauter.
- Way of the Samurai 2 (PlayStation 2, 2004) se passe à fin de l’époque d’Edo (milieu xixe)
- Way of the Samurai 3 (PlayStation 3 et Xbox 360, 2010), pendant l’ère Sengoku Jidai (xvie)
- Way of the Samurai 4 (PlayStation 3, 2012), au début du xxe siècle
Ce dernier part totalement en vrille. Ce n’est pas un reproche, mais attendez-vous à une farce.
Notez que le 3 et le 4 ont été portés sur PC, respectivement en 2016 et 2015. Attention, le 4 est connu pour son instabilité sur certaines configurations. Tenez-vous prêt à demander un remboursement si vous êtes concerné.
Le développeur, Acquire, est connu pour d’autres jeux « barrés », néanmoins dignes d’intérêt : Samurai Western (PlayStation 2, 2005) et What Did I Do to Deserve This, My Lord? (PSP, 2007).
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